Formation médiation : sensibilisation et initiation entreprises et société

la maîtrise de la qualité relationnelle par la médiation

La définition littéraire

L’approche littéraire est la manière habituelle de définir un conflit. Il s’agirait d’un rapport de force, d’une opposition d’intérêts, de sentiments ou de conceptions. Il peut s’agir d’antagonisme, de heurt, de guerre ou de désaccord.

Globalement, la définition d’un conflit est confuse. Dès qu’il y a polémique, des observateurs peuvent y voir un conflit. Un tiraillement et c’est une guerre et la guerre est un conflit.

La définition en médiation professionnelle

Pour la médiation professionnelle, Jean-Louis Lascoux a défini un conflit pour permettre d’intervenir plus facilement dans ce genre de situation. Il a fait la démonstration qu’un conflit se compose d’éléments invariants. La médiation est sollicitée lorsqu’une démarche judiciaire est envisageable, ou potentiellement envisageable. Ce qui fait déjà qu’il existerait un élément de droit.

Ensuite, pour qu’il y ait conflit, il faut qu’il y ait au moins chez l’une des parties une revendication identifiable sur la plan matériel, qu’il s’agisse d’une dénonciation de spoliation ou d’une demande de réparation.

Enfin, pour qu’un conflit nécessite l’intervention d’un tiers, il faut qu’au moins l’un des protagonistes ait le sentiment de ne pas pouvoir se faire entendre directement, parfois avec le sentiment d’avoir tout fait pour cela, mais en vain. Il ne s’agit pas d’un simple agacement, mais d’un épuisement ou d’un défaitisme relationnel. Ce dernier aspect du conflit est fortement connoté sur le plan émotionnel. C’est d’ailleurs cet invariant du conflit qui est le moteur de l’action du recours au tiers. Sans cette caractéristique, les parties sont toujours en discussion directe : elles peuvent négocier sur les aspects techniques de leur différend ; elles peuvent parler de la nature de leur relation. Mais c’est le blocage émotionnel qui les conduit à rechercher à être représentées.

Un conflit judiciarisable se définit au travers de trois invariants :

  • juridique,
  • technique
  • émotionnel.

Il est susceptible d’être traité en justice quand l’élément juridique est identifié, l’élément technique évaluable et l’élément affectif fortement impliqué.

Relation conflictuelle n’est pas conflit

Une relation de nature conflictuelle n’est pas un conflit. La tension est cristallisée sur un ou des éléments, mais pas les trois. L’élément juridique est souvent le plus minoré, voir considéré comme inexistent dans la relation conflictuelle.

Il est possible d’identifier :

  • les affrontements entre collègues de travail
  • les querelles entre deux amants
  • les différends entre parents et enfants

Le différend n’est pas nécessairement judiciarisable. L’élément juridique ne peut pas forcément être mis en action. Entre deux collègues, seuls l’employeur peut intervenir, c’est-à-dire que l’intervention d’un tiers concerné par la dégradation de la relation entre deux personnes peut éventuellement intervenir au nom du contrat qui le lie à l’une d’elles.

La formule du conflit

Un conflit c’est aussi l’interaction qui existe entre une personne (un JE) dont l’altérité (Al) a été altéré, chargée d’adversité (Ad), avec une autre (ou plusieurs autres) dans un état qui peut être différent mais qui n’échappe pas à la première.

Une personne, un JE, en conflit, s’exprime de manière inacceptable par les autres protagonistes. On y retrouve une expressivité faite de Prêts d’intention, d’interprétations jugeantes et de dynamiques contraignantes, les P.I.C. C’est par la représentation du Conflit En Soi (C.E.S.) que se développe l’entêtement dans l’adversité, laquelle cristallise le différend.

Dès lors qu’un sentiment de légitimité se développe et trouve des justifications dans les représentations légales (le Juridique), avec une revendication matérielle (Technique), il faut une charge affective (Émotionnelle) suffisante pour entretenir la dynamique conflictuelle.

Alors, quand les éléments sont réunis : deux personnes au moins chargées d’adversité, diminuées en altérité, cristallisées de leur conflit en soi, ayant une communication faite de P.I.C., le conflit s’épanouit. Il suffit désormais de trouver des alliances et le conflit est appelé à explosé ou être arbitré, concilié ou traité en médiation… A choisir.